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Brésil : début du processus de destitution de Rousseff

Brésil : début du processus de destitution de Rousseff

Brasília — Alors qu’un juge suspendait l’arrivée de Lula au gouvernement jeudi, les députés brésiliens ont donné jeudi à Brasília le coup d’envoi de la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff, qui tangue au milieu d’une tempête politique majeure.

 

Les parlementaires ont élu une Commission spéciale de 65 députés, qui sera chargée de rédiger un rapport préconisant ou non la poursuite de la procédure contre la présidente, accusée par l’opposition de maquillage des comptes publics en 2014, l’année de sa réélection, et début 2015.

 

Ce rapport sera ensuite soumis à l’Assemblée plénière du Congrès des députés où un vote des deux tiers (342 sur 513 députés) serait nécessaire pour prononcer la mise en accusation de la présidente devant le Sénat. Dans le cas contraire, la procédure serait enterrée.

 

En cas de mise en accusation, Dilma Rousseff serait écartée provisoirement de ses fonctions pendant 180 jours au maximum.

 

Cette procédure avait été lancée en décembre à l’initiative de l’opposition, puis freinée par le Tribunal supérieur fédéral (STF) qui en a fixé définitivement les règles mercredi soir.

 

Lula en attente

Le vote des députés est intervenu dans le contexte politique explosif de la nomination controversée au gouvernement de l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva, pour voler au secours de son héritière politique en grande difficulté.

 

Un juge de Brasília a suspendu provisoirement la prise de fonctions de Lula, intervenue plus tôt dans la journée, y voyant une possible manoeuvre pour le faire échapper à un placement en détention dans le cadre de l’enquête sur les détournements de fonds au sein du géant étatique pétrolier Petrobras.

 

Sa nomination comme chef de cabinet de Dilma Rousseff lui confère un statut privilégié, puisqu’il ne peut désormais plus répondre pénalement de ses actes que devant le Tribunal suprême fédéral, chargé du volet politique du dossier.

 

Trois millions de Brésiliens ont réclamé dimanche le départ de la présidente lors de manifestations d’ampleur historique alors que sa majorité se délite dangereusement.

 

Samedi, le grand parti centriste PMDB, pilier incontournable de sa majorité parlementaire, lui-même éclaboussé de plein fouet par le scandale Petrobras, s’était donné 30 jours pour claquer ou non la porte du gouvernement.

 

Appel

L’avocat du gouvernement brésilien a annoncé jeudi avoir fait appel de la décision d’un juge de suspendre la nomination de l’ex-président Lula comme ministre clé de la présidente Dilma Rousseff.

 

« Il n’y a pas de détournement de pouvoir » dans le choix de l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010) et « la raison de sa nomination n’est pas de le soustraire à une enquête », a assuré José Eduardo Cardozo, ex-ministre de la Justice de Rousseff et désormais avocat général de l’Union (AGU), lors d’une conférence de presse.

 

« La présidente [Rousseff] considère que [l’ex] président Lula, avec son expérience administrative, sa capacité de leadership, pourrait intégrer le gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.

 

L’avocat du gouvernement a expliqué que tant que l’ordonnance du juge Catta Preta n’était pas annulée, Lula est officiellement ministre, mais que ses actes dans sa fonction n’ont aucune validité.

 

M. Cardoso a également remis en cause l’impartialité de ce juge.

 

« C’est une personne qui s’est engagée publiquement dans un militantisme politique par rapport au gouvernement de la présidente Dilma Rousseff. Ses messages et engagements comme citoyen ont été très nombreux, et sans l’ombre d’un doute, en prenant position pour [réclamer] la fin du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff », a souligné M. Cardoso.

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