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Démantèlement de la Jungle de Calais : des tensions apparaissent

Un homme a tenté de se couper les veines pour résister.

Un homme a tenté de se couper les veines pour résister.

Validé par la justice jeudi, le démontage de la partie sud du bidonville a débuté lundi matin à 9 heures. Après une matinée calme, des échauffourées entre migrants, militants «No Border» et forces de l'ordre ont éclaté en début d'après-midi. Quatre personnes ont été interpellées et cinq CRS blessés.

 

Validé par la justice jeudi, le démontage de la partie sud du bidonville de Calais a débuté lundi matin. Après une matinée plutôt calme, la situation s'est tendue en début d'après-midi. 150 migrants et militants radicaux «No Border», qui luttent pour l'abolition des frontières, ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre. Notamment «des pierres et des casseroles», précise La Voix du Nord. Les CRS ont riposté au moyen de gaz lacrymogène. Une dizaine d'abris auraient été détruits par des incendies volontaires. Selon le quotidien, quatre personnes ont été interpellées et cinq CRS blessés. Les travaux ont dû être interrompus aux alentours de 17h, la situation étant extrêmement tendue après un nouveau départ de feu dans un abri.

 

Un migrant à côté d'un abri en flammes.

 

Depuis la publication de l'arrêté d'expulsion, les services de l'État assuraient pourtant que le démantèlement se passerait sans violence. Dès 9 heures, les ouvriers d'une entreprise privée avaient commencé le démontage sous haute surveillance d'une vingtaine de cabanes de la zone sud de la «jungle», assistés par deux bulldozers et encadrés par les forces de l'ordre. Une colonne de 30 camions de police et deux véhicules anti-émeute s'étaient postés devant l'entrée ouest du bidonville, située sous le pond de la rocade d'accès aux ferries. Parallèlement au démontage, une trentaine de fonctionnaires de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de la préfecture du Pas-de-Calais faisaient du porte-à-porte dans chacune des cabanes concernées par le démantèlement.

 

Tensions avec les No Borders

Ce matin, une centaine de membres des forces de l'ordre, selon la préfecture, formaient des cordons de protection autour des ouvriers. Des policiers de la sécurité publique et de la BAC avaient également été déployés en soutien, au cas où il faudrait procéder à des interpellations. Dans la matinée, une militante «No Borders» avait déjà été interpellée.

 

L'arrêté d'expulsion vise la partie sud de la jungle. Un premier ultimatum pour évacuer les lieux avait été fixé au mercredi 24 février. Mais un référé suspensif, déposé par plusieurs associations et une centaine de migrants, laissait l'évacuation en suspens avant de la valider jeudi dernier. Ces derniers jours, le débat s'est cristallisé autour des solutions de relogement prévues par les services de l'État. Le gouvernement a annoncé un plan de relogement calibré pour 800 à 1000 personnes. Un décompte largement sous-estimé, jugent les association, qui estiment plutôt le nombre de personnes concernées à plus de 3 400. Mais la préfecture maintient ses chiffres. «Nous avons quadrillé la zone et 100 fonctionnaires de la police aux frontières sont passés dans chaque tente», détaille Steve Barbet, responsable de la communication pour la préfecture du Pas-de-Calais. «Nous avons bien compté entre 800 et 1 000 personnes, et notre estimation a été considérée comme fiable par le tribunal administratif dans sa décision rendue jeudi dernier.» Plusieurs solutions de relogement sont prévues par l'État : le Centre d'accueil provisoire (CAP), construit par l'État à côté des bidonvilles, compte toujours 200 places libres. Le Centre Jules Ferry peut également accueillir 200 personnes. Derrière la rocade, les tentent de la sécurité civiles peuvent recevoir 500 migrants. Par ailleurs, les Centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) comptent encore 500 places disponibles, et le gouvernement a annoncé vendredi la création prochaine de 500 places supplémentaires dans toute la France. Mais ces centres peinent à se remplir, dans la mesure où la plupart des migrants ne veulent pas renoncer à leur objectif de passer en Angleterre.

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