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Comment Alain Juppé veut réformer le marché du travail

Comment Alain Juppé veut réformer le marché du travail

Fin des 35 heures, travail du dimanche, «réhabilitation» du CDI, régime des fonctionnaires... Le candidat à la primaire de la droite fait de la lutte contre le chômage sa priorité et dévoile son projet dans un nouveau livre, Cinq ans pour l'emploi.

 

Dans Cinq ans pour l'emploi, Alain Juppé explique qu'il veut «concentrer (sa) campagne sur quelques réformes essentielles qui sont de nature à changer la donne». La «réforme du marché du travail» arrive en tête de ses priorités. Il prévoit s'il est élu que «ce sera à chaque entreprise de fixer la durée du travail». Il propose de «supprimer la durée légale de 35 heures» pour lui substituer un plafond de 39 heures, lui aussi inscrit dans la loi, qui s'appliquera «à défaut» d'accord d'entreprise. La hausse de la rémunération sera proportionnelle à l'allongement de la durée du travail.

La perte de revenu des salariés qui ne toucheraient plus d'heures supplémentaires du fait de l'accord d'entreprise serait compensée par «une réduction équivalente d'impôt sur le revenu et de cotisations salariales». Juppé chiffre le coût de cette compensation à 2 milliards d'euros par an.

Le candidat veut «généraliser la pratique du référendum d'entreprise», qui pourrait être organisé «avec l'accord du chef d'entreprise et d'au moins un syndicat représentatif». Son résultat aurait «force obligatoire» si les négociations avec les représentants du personnel n'aboutissaient pas. Au passage, pour «redonner une véritable représentativité aux syndicats», Alain Juppé préconise que les élus syndicaux «puissent consacrer au moins 50 % de leur activité à leur métier» dans l'entreprise et qu'ils ne puissent pas faire plus de deux mandats consécutifs.

 

«Déclic de confiance»

Il se penche également sur les seuils sociaux, mais il préconise seulement de «neutraliser pendant cinq ans les obligations sociales liées au franchissement de ces seuils par les entreprises». En revanche, il a bien l'intention d'«annuler la réforme du compte pénibilité» et de «rouvrir ce chantier avec les partenaires sociaux».

En ce qui concerne le travail du dimanche, Alain Juppé est favorable à une «libéralisation» sur la base du volontariat des salariés et d'une majoration de leur rémunération. Selon lui, les blocages survenus par exemple aux Galeries Lafayette et au Printemps relèvent «d'une vision paléolithique de notre société».

L'ancien premier ministre aborde également la question du contrat de travail. Il veut «réhabiliter le CDI et le rendre plus attractif pour l'entreprise», notamment en y incluant «des motifs prédéterminés de rupture». C'est ce qu'il appelle un «déclic de confiance», susceptible selon lui de relancer l'embauche «à très court terme», sans attendre une réforme du Code du travail qui selon lui «prendra du temps».

Avec le secteur public, Alain Juppé entend s'inspirer de la même philosophie qu'avec le privé, mais note que «le parallélisme a ses limites». Son mot d'ordre reste «il faut travailler plus!», mais les modalités d'application - durée du travail, nature des missions, évolution des effectifs - dépendront d'une négociation qu'il estime possible d'organiser «dans chaque organisme public». «Des hausses de rémunération liées à l'augmentation de la durée du travail devront résulter des gains de productivité liés à la baisse des effectifs, à la refonte des organisations et au développement du numérique dans les administrations», écrit-il. Ce qui, logiquement, signifie que les fonctionnaires devront «travailler plus» sans gagner plus, au moins dans un premier temps.

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